Présentation De Joyce

Les humains, ils me font rires. Enfin, cela n’est pas exactement le mot que je cherchais. Rire, de façon à dire, qu’ils semblent stupides. Stupide de m’avoir attribué un nom, qui ne sera surement jamais le reflet de ma personnalité. Joyce. Joy. Joie. Non, me voilà bien le contraire du tendre sourire que porte la majorité des êtres vivants sur terre. Je ne viens pas du paradis et je ne veux pas y aller. Mais je ne suis pas de l’enfer non plus. Je ne suis ni cette lumière, ni ces ténèbres. Vous me direz, « Si tu n’es pas heureuse avec ton nom, pourquoi ne l’as-tu pas changé en arrivant sur ce nouveau monde ? » Eh bien, c’est tout bête. J’apprécie mon nom, tout en le détestant. Je sais, il est difficile de comprendre l’incompréhensible. Pourtant, vous arriverez à me comprendre, moi.

Pour un membre d'Onyx, je ne suis pas bien méchante. Non, je ne torture pas comme nombreux de mes camarades. Je n'y trouve tout simplement aucun plaisir. Non pas parce qu'entendre les animaux souffrir me dégoute, mais tout simplement, car je n'y vois aucun profit pour moi. Oui, Moi. Cela me fait perdre du temps et attire de foutus vautours, mêle-tout, dont il est absolument impossible de se débarrasser - je parle par pure expérience. Je dirai, que les inconnus qui tombent sur moi ont plutôt de la chance. Leur vie se finit rarement entre mes pattes. C'est vrai que je suis douée en combat et je dois avouer que c'est surement l'une de mes spécialités. Mais, il est rare que je me batte, cela donnerait beaucoup trop d'importance à mon interlocuteur. Je suis plutôt du genre « coups bats et douleurs à long terme. » Tout dans le mental. D'ailleurs, dans mon passé, j'ai réussis à mettre un humain dans un asile, le pauvre avait juste perdu la boule. Moi, je ne faisais que m'amuser et puis... Je ne suis qu'un chien hein, on n'accuse pas un chien quand on est humain !

Il m'est arrivé de tuer, mais jamais par pur plaisir. Je préfère jouer, faire du chantage et bien sûr montrer ce sourire redouté. Parce que, même si je ne serai jamais un chien légendaire, mon sourire, lui, se fait connaitre. Un simple trait, sur mon museau, qui en dit bien long. Car, des secrets, j'en connais. Les faiblesses, je les repère. Et bien sûr, je joue avec. C'est, dans un sens, beaucoup mieux que torturer. Car, là, le plaisir d'installer la peur chez l'autre, ne s'estompe jamais.

Dans la meute, les avis sont partagés. D'un côté, il y a pas mal de canidés qui me voient comme l'une des plus fidèles et surement des plus sages. Celle, qui se tuerait pour ça meute. Mais j'ai entendu dire que certains pensaient que je n'étais qu'une espionne, ayant l'intention de trahir mes membres les plus proches. Qui sait de quoi je suis capable ? Après tout, on ne vit qu'une seule fois...

Mon physique n'a rien de bien impressionnant. Non, heureusement, j'ai quatre pattes, une queue, deux oreilles et deux yeux. Ah ?! Vous voulez les détails. Dur dur, puisque j'ai horreur de parler de moi, surtout physiquement. Pour moi, vous avez des yeux, vous pouvez me voir, donc pourquoi parlerai-je comme ça de mon apparence? Bon, imaginons que vous êtes aveugles... Oui, dans ce cas là, je suis bien obligé de vous détailler mon corps, mon aspect. Eh bien, tout d'abord, je suis rousse. Ne vous moquez pas, car le roux, c'est le moins commun. C'est l'unique, le rare, le précieux. Tout ce qui me correspond donc. Non, mon pelage n'est pas orage flash, mais marron avec des reflets de coucher de soleil. J’ai de longues et fines pattes, qui me permettent de courir vite, ce qui dans tous les sens, me porte un avantage certain. Ayant été chien de traîneau à un moment donné ou l’autre de ma vie, je possède une carrure assez forte, même si je reste fine par rapport à la majorité de Onyx. Ma souplesse est parfois impressionnante, mais l’ayant beaucoup travaillé, -et continuant mes exercices,- je ne peux que m’en vanter. Mes yeux, eux, sont marron clairs. Rien de plus extraordinaire. Mais c'est bien seulement à travers eux, que l'on peut lire mes sentiments. Il m'arrive d'être si froide, si brusque, que seuls mes yeux me trahissent, dévoilant une infinie tendresse... Mon corps semble en parfait état, vu de loin. Pourtant, avec le temps, mes proches remarquent peu à peu les cicatrices que je cache. La plus visible, est une toute petite entaille, dû à mon premier combat, contre un mâle bien plus fort. Elle se trouve sur mon oreille droite, mais encore faut-il s'approcher assez près pour la découvrir. Sous mon énorme pelage, ne se cache rien de joli. Quelques séquelles, ainsi qu'une grande cicatrice, commençant de mon épaule et continuant jusqu'à ma côte. Je n'ai plus mal, heureusement d'ailleurs. Mais, parfois, lorsque je fais des efforts beaucoup trop intensifs, il m'arrive de boiter, ressentant une douleur à l'endroit exacte de la cicatrice. Ah ! Ce que j'aime tous ces poils, pouvant cacher ces grotesques conquêtes -rarement défaites- ne laissant apparaître qu'une chienne soi-disant innocente. Comme quoi, ne jamais juger les apparences... Il faut d'abord regarder en dessous...

Comme vous l'aurez remarquez, parler de moi, de ma vie ou même de mon physique, n'est certainement pas ce que je préfère. J'ai toujours été coincé sur les conversations de la vie, préférant laisser de longs silences douteux, ou écouter les conversations de mes congénères, pour en apprendre plus à leur sujet. Mais au fond, nous avons tous une histoire à dévoiler et c'est peut-être l'unique fois où je pourrai raconter mon passé, sans gène.

Premièrement, comme tout être vivant sur cette terre, ou sur une autre, je suis née. Née d'un père jamais connu, et d'une mère fantastique. Les élevages d'husky sibériens étaient très professionnels et j'en remercie le ciel d'avoir au moins passé deux mois de ma fichue vie, à être chouchoutée et soignée. Parce que, j'ai été adopté. Eh bien oui, cela arrive à coup sûr. Ma mère m'avait prévenu. Elle me l'avait dit, que les humains donnaient chaque année ses petits, à des familles qui en vaillent la peine. Bah, ma mère, elle c'est trompée. Ma famille ne valait rien.

Petite boule de poil que j'étais, ils m'avaient acheté pour une jolie petite fille du nom de Fanny. Oui, jolie, mais loin d'être gentille ! Tout d'abord, elle me tirait les poils, me marchait dessus. Et en plus, le jour où l'on m'a offerte, elle a dit qu'elle n'aimait pas les roux. C'est à deux mois, que je souris pour la première fois, dévoilant un futur crime... « La vengeance est un plat qui se mange froid... Toi, je vais te faire bouffer du surgelé. »

Jusqu'à un an, ma vie fut parfaite. Par-faite ! Que les humains sont têtus ! Moi, j'avais décidé de vivre ma vie, quelle que soit leurs décisions. Je faisais mes besoins à l'intérieur, souvent dans le passage. Je mangeais les chaussures, grattais les murs, déchirais les cinq canapés qui se sont succédé. En bref, je m'amusais. Les leçons d'éducation était un réel plaisir, car j'adorais mettre la pagaille. Un jour, le père de Fanny à juste perdu le fil. Il est devenu cinglé. Je ne lui en veux pas, car au fond, je l'avais ruiné. Mais moi, je continuais bêtement de sourire. Heureuse. Le problème, c'est qu'il est vraiment devenu fou. Il tapait sur les murs, criait et surtout, me battait. Enfin, il n'a levé la main qu'une seule fois, avant que je lui retire la moitié de sa paume. Il parait qu'il voyait un psy et qu'il avait passé quelques semaines dans un centre où vivent les fous. L'asile.

Mais moi, j'étais loin. Ma propriétaire avait entendu que les husky étaient plus heureux en groupe. Elle m'avait envoyé en Alaska, chez un musher. Il était gentil le bonhomme, et je n'avais rien à lui reprocher. Il nous laissait libre, ne nous obligeant qu'à faire quelques aller et retours en traîneau pour ces provisions. Je l'aimais bien ce propriétaire. Il me laissait vivre, comme bon me semblait, me donner nourriture et niche extérieur en échange de quelques services. Moi, j'étais heureuse de vivre en meute. Mais, bien sûr, je refusais de me faire dominer, d'écouter. Les bagarres commençaient et continuaient, jour après jour. C'est là que j'ai trouvé la force, l'intelligence pour être un futur membre des Onyx.

Le vieil homme est mort, et nous étions désormais libres. Je suis partie, vivre dans la forêt avec un ami, Refus. C'était un malamute féroce et très dangereux. Il m'apprenait ces tactiques de corps à corps, tendis que moi, lui apprenait les coups bas. Nous nous sommes entendu près d'un an comme ça, avant de nous faire attaquer par des loups, avant que Refus -trop vieux contre la meute entière- a perdu la vie.

J'ai promis de le venger. Je les ai retrouvé, pour les tuer d'une affreuse souffrance. Ils avaient peur. J'aimais ça. Mais j'étais seule. Seule à vivre au milieu de nulle part. Un portail c'est ouvert, livrant sur un autre monde. Quelques animaux s'y sont risqués. J'y suis allée. Quatre meutes se sont créées. J'ai décidé de rejoindre les Onyx. Les Alphas avaient déjà été choisis, mais aucune importance. Pour moi, les hauts grades n'étaient pas importants. Je voulais juste vivre.